Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/28

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qui voyaient une déchéance dans le fait de quitter ainsi le rabat du magistrat pour les passementeries du noble d’épée.

Outre ceux dont la fortune héréditaire, et répartie en héritage selon des principes d’ailleurs étrangers au Code civil, permettait une indépendance magnifique, d’autres Dué habitaient le pays. D’abord d’anciens riches ruinés, qu’on recevait au bas bout des tables dans les festins familiaux, et dont les fils naissaient assurés de situations aisantes dans l’administration du département. Ensuite des alliés, car la bourgeoisie de trente lieues à la ronde se trouvait apparentée à ces rudes hommes, de vieille tradition huguenote, libéraux pourtant et dont la judicature était la passion. Tous postes directeurs des tribunaux et des cours d’appel avaient été occupés par des Dué. Il y eut également toujours un Dué notaire et les jeunes gens commençaient dans la vie par la profession d’avocat. Jean Dué était destiné de naissance à le devenir.

Les Dué pauvres sortaient de diverses souches. D’abord la plus ancienne, contemporaine de l’enrichissement des premiers bourgeois de ce nom. Ceux-là restaient aussi orgueilleux que des hidalgos et ne parlaient à nuls autres. Ils exerçaient des métiers décriés mais indépendants : le braconnage et la pêche en temps interdits, le courtage des anticailles devers les