Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/36

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L’autre buvait avidement. Qu’est-ce que cela pouvait représenter dans sa tête : cinq cent mille francs ? Lui n’avait jamais vu plus de cinquante francs à la fois.

— Alors, ça y est. Tu me la donnes, ta gosse ?

— Ça va ! Ça va !

— Tu sais, je ferai quelque chose pour toi. Moi je ne suis pas un de ces sales types qui méprisent et éloignent les parents de leur femme. Et puis, je te le dis, elle sera heureuse.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le lendemain d’un de ces entretiens, Lucienne fut avertie qu’on la mariait à son oncle le forgeron. Elle n’avait, assouplie déjà à la misère et à ses suites, aucun désir de protester. L’aurait-elle fait que d’ailleurs on l’eût rouée de coups. Mais elle possédait ce fatalisme du pauvre qui se plie sans broncher aux servitudes les plus humiliantes. Quoique la mère de Lucienne allât à l’église, elle avait consenti au mariage exclusivement civil exigé par le forgeron franc-maçon. Lucienne possédait confusément cette idée que l’on n’est vraiment pas mariée lorsqu’il n’y a pas eu cérémonie religieuse. C’était cela seul le mariage à ses yeux. Mais sa ferveur restait trop courte pour qu’elle en tirât grand souci.

Seulement, le troisième soir, comme elle