Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/111

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une ruelle. C’était un officier qui descendait, disait-on, de la reine Frédégonde, morte depuis deux siècles. Il en gardait une sorte de prestige. Ioanna ne demeura que peu de jours dans cette demeure vaste et d’ailleurs hargneuse. La deuxième semaine, sur la dénonciation d’une servante, on soupçonna qu’elle fût femme. Le père des deux enfants qu’elle devait éduquer la fit venir dans sa chambre, puis lui demanda de se dévêtir. Elle refusa, et, comme il prétendait la contraindre, elle put s’esquiver.

Une fois dehors il lui parut enfin que la vie serait moins facile et agréable qu’il ne semblait au premier moment. Mais l’idée de s’adonner à l’enseignement lui demeura présente et elle se mit en quête d’un poste de professeur.

Cela se trouva sans peine chez un membre important de la corporation des bouchers. Il était riche et possédait deux filles auxquelles il espérait faire épouser de nobles hommes.

Ioanna ne fut point questionnée sur son origine et sur la vie qu’elle avait jadis menée. Son vêtement de bure était pourtant en loques, mais le boucher lui en acheta un autre, qui était heureusement moins caractéristique de l’abbaye de Fulda.

Et bientôt se répandit dans Paris la nouvelle d’une merveille de science, qui, à vingt--