Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/113

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veille, portant parfois leur orgueil avec insolence, sans que personne d’ailleurs se souvienne d’elles. Cela lui fut agréable.

Elle instruisait les fils du boucher, mais surtout cherchait à s’instruire elle-même. Bientôt, elle fut au courant des détails les plus minimes de la situation politique occidentale. Elle songea aller à Rome voir le mystère central de la religion chrétienne : le Pape y vivait en une demeure somptueuse, disait-on, et son pouvoir s’étendait tous les jours sur la ville éternelle, encore plus belle et peuplée que Paris.

Un soir qu’elle conversait avec un prêtre de Saint-Germain, aussi jeune qu’elle, et à figure de fille, une servante du boucher, son amie, lui vint dire en secret qu’il fallait s’attendre à avoir le lendemain la visite des archers royaux.

— Pourquoi donc ? demanda Ioanna qui vraiment ne voyait point là matière à émoi, et se croyait rassurée pour son avenir.

— Parce que, dit l’autre, on recherche un moine condamné.

Ioanna eut un serrement de cœur.

— Condamné, où cela ?

— Je ne sais, fit la femme. On affirme qu’une femme, dans un couvent lointain, était entrée et a vécu livrée à la débauche. Surprise, elle fut condamnée à mort mais s’évada. Ce serait bien ignoré si l’Empereur