Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/145

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rue sinistre qui parfois n’était plus qu’un tunnel. On marchait sur des déchets gluants, on buttait dans des courges ouvertes, on glissait parmi des détritus qui sentaient le musc et l’ordure. Soudain, comme l’homme s’arrêtait devant une porte ouverte dans un mur démesuré, quatre formes rapides jaillirent d’un renfoncement et sautèrent sur le Sarrasin.

Le temps de dire ouf, et, sans un cri, le maître de Ioanna gît dans la poussière puante, la tête à demi détachée du corps.

Deux des agresseurs prennent alors Ioanna terrifiée, puis l’enlèvent robustement et détalent avec ce fardeau, suivis par les autres.

On court, on tourne, on décrit mille méandres sans ralentir, enfin on entre dans une cour dont la lourde porte se referme aussitôt. Un coup de gong sonne et brusquement la cour s’anime. Avec des torches, des nègres circulent, puis arrive un personnage en blanc. Il pose des questions. Ioanna, qui comprend l’arabe, apprend que celui qui l’amena ici eut le malheur d’aller avertir un fils de sultan que durant la nuit il lui mènerait une esclave magnifique, ardente et instruite, prochaine fleur de son harem. Mais un autre pacha a des espions chez son confrère, et il a fait guetter, surprendre, puis tuer le possesseur du trésor féminin dont il veut prendre possession.