Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/166

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d’Athènes, y commandaient-ils, par respect, une tolérance qui n’était pas du goût de ce Romain et qu’il eût aimé remplacer par des supplices.

Ioanna visita enfin Athènes. Elle vit des hommes graves et dignes, des adolescentes comme elle, mais moins robustes et visiblement émaciées, qui marchaient avec gravité, un rouleau dans la main ou quelque instrument de mesure. Ils allaient chez le philosophe, l’astronome, le mathématicien, ultimes savants du monde qui partout retombait dans une béotienne ignorance, et ne pensait plus qu’ici.

Un seul souci emplissait cette Athènes morte, celui du savoir et de l’intelligence. Comme si c’eût été le dernier refuge de l’esprit, on y oubliait les soucis quotidiens. Drapés dans leurs tuniques à la mode ancienne, les Athéniens laissaient deviner dans leurs gestes et leurs regards le désespoir d’être vaincus. Car vaincus, ils l’étaient et par la force des armes qui les avaient dominés, et par la croyance barbare du juif qu’on prétendait mort pour les hommes sur une colline près de Jérusalem.