Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/192

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Ioanna ne s’attendait point à ce spectacle. Elle avait cru tomber sur une sorte de demeure paisible où le Pape et quelques prêtres amis priaient dans le silence et l’admiration muette des dévots.

Des malingreux criaient pour qu’on leur vînt apporter des reliques qui leur donneraient la guérison. Les soldats les repoussaient alors dans un hourvari de réunion publique. Où était l’abbaye de Fulda et son bon abbé Raban Maur, cherchant dans la paix et la sérénité le secret de punir les péchés selon la pensée même de Dieu.

Où, les lieux savants vus à Paris, et qu’emplissaient des hommes maigres ardents à disputer, soucieux de vérité et pleins de savoir ?

Ici point de science. De la richesse, des armes et on ne savait quoi de cauteleux qui venait de ce que les envoyés de toutes les puissances se trouvaient présents, apportant des promesses et des traités, pleins des tromperies diplomatiques, que s’apprêtaient à démasquer des prêtres aux regards subtils.

Le Pape parut. Il était gras et petit de taille, très laid et haut en couleur. Mais une telle majesté se dégageait de lui qu’à son passage dans la foule, et tandis que des officiers faisaient ranger les assistants, presque tout le monde s’agenouilla.

Il bénissait sans regarder, visiblement