Elle vivait chastement, certes, et, en somme, sans sentir au fond de sa chair le besoin de l’homme. Mais cela tenait surtout à ce que le souci de sa sécurité la possédait toutes les heures de chaque jour, lui commandait tous ses actes et toutes ses paroles.
Le soir, quittant ce harnois, seule dans une cellule sobre et pourtant confortable, occupant tout un étage d’une maison solitaire et après verrouillage des pièces aboutissant à sa chambre, elle se libérait seulement de son faix de soucis. Alors elle eût aimé un amant…
Oh ! un amant qui ne fût point ecclésiastique, qui ne sut guère parler le langage onctueux et subtil des gens d’Église, un amant guerrier, jeune, violent et sans vergogne, auquel elle se donnerait dans la fougue de ses trente ans. Et ses nuits étaient hantées par des visions chimériques. Elle revivait son passé et y ajoutait un avenir de même sorte. Enfin, elle s’endormait d’un sommeil lourd et épuisant.
Le matin la retrouvait toutefois aussi fermement volontaire que la veille, et elle repartait instruire des diacres, porter des plis, discuter avec des évêques et jouer son rôle difficile avec la même énergie impassible.
Elle accomplissait tous les actes de la prêtrise, prétendant avoir été consacrée chez