Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/225

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ces hommes l’avaient en réalité élue, non parce que propre à faire un Pape utile, mais contre tel ou tel autre qui leur était ennemi.

Alors elle changea ses batteries et s’entoura de jeunes prêtres, choisis parmi les plus intelligents et les plus actifs. Elle éloigna ensuite les dignitaires de l’autre règne.

Ce fut chose difficile et non sans danger. On lui dressa des pièges, on empoisonna son cuisinier, on aposta deux bandits à la porte de Saint-Jean de Latran pour lui dépêcher en passant un coup de poignard.

Elle devina tout et usa d’une autre porte.

Alors son orgueil du début s’aiguisa et il ne fut plus question, dans cet esprit ardent et combatif, que d’avoir le dernier mot dans tous grades.

Ses nouveaux amis étaient fidèles et fermes, mais le plus souvent insouciants et sans malice. La maturité leur manquait. Même, les vieux courtisans évincés firent courir le bruit que le Pape entretenait avec quelques jeunes évêques des relations contre la nature.

Ainsi passaient les jours, à dénouer des imbroglios quotidiens, à déjouer des complots renaissants et à constituer une police solide avec un noyau docile de protecteurs incorruptibles.

Quoi qu’il lui en parût, Ioanna se plaisait au fond à ces besognes ingrates. Elle se