pas sans peine et sans dangers. Du moins il en avait été ainsi pour elle dans le passé. Il valait donc mieux y renoncer.
Lorsque pourtant lui venait le souvenir du temps où ses nerfs de femme étaient en besoin de vibrer sous la possession de l’homme elle eût abandonné volontiers ses précieux habits de soie venus des régions les plus lointaines de l’Orient, avec la Tiare et l’admiration de tous.
Elle éprouvait alors un grand dégoût de sa toute-puissance.
Mais qu’un des espions apostés autour de la Basilique vînt lui apprendre la présence, sur le passage qu’il lui fallait suivre le lendemain pour aller dans Rome, d’une troupe cachée de bandits, alors l’orgueil lui revenait. Son esprit tendu ne pensait plus qu’à déjouer le plan de ses ennemis. Elle faisait cerner les massacreurs et on en torturait trois ou quatre. Ils avouaient généralement avoir voulu sauter sur le Pape et sa suite afin de ne rien laisser de vivant.
Alors, Ioanna riait et se sentait heureuse. Sa félicité comportait une plénitude et une vigueur qui dépassaient de loin les plus cuisantes jouissances de l’amour.
D’autres fois elle surprenait un espion caché et le faisait égorger sans bruit. Elle parvenait aussi à surprendre un de ses irréconciliables ennemis dans une situation