Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/250

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Elle voulut prier. Quoi, il fallait une heure au plus et ensuite elle irait à Saint-Jean de Latran, dans la chambre secrète, où elle se délacerait, puis libérerait l’autre vie qui voulait sortir…

Elle pria un peu, mais les mots n’avaient plus de sens et le rêve infernal de la nuit reparut.

La sueur coulait de son visage jauni. Le dos voûté, les regards éteints, l’oscillation de son torse à chaque pas du cheval, disaient sa torture que nul ne pouvait comprendre.

Et le malheur imminent advint.

On passait entre l’Église Saint-Clément et l’Amphithéâtre de Domitien nommé Colisée.

Il y a là une place où la foule était rassemblée et chantait un psaume, lorsque soudain… Ioanna évanouie chut en avant sur le garrot de sa monture, puis glissa de côté et tomba lourdement à terre.

Personne n’a vu par devant cet accident inattendu, et on continue à progresser et à chanter.

Mais la foule, frappée par cette chute, s’élance familièrement et déborde les soldats. Le Pape est là, à terre, jambes écartées et il gémit sourdement.

Une Romaine familière, sans plus de façons, soulève Ioanna et tente de l’asseoir en murmurant des paroles à la fois respectueuses et cordiales.