Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/67

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— Oui, certes répondit Ioanna.

— Alors Dieu t’indique lui-même ta route. Il a voulu que tu viennes chercher la paix et le Paradis. Suis-moi !

La jeune fille attendit qu’il eut fermé la porte, mais il la regarda avec soin :

— Laisse ici tes armes. On ne doit point, dans cette maison consacrée à Dieu, posséder des outils à tuer.

Elle jeta tout ce qu’elle portait d’apparent, mais, cauteleuse, et songeant à la méfiance universelle que le Grec lui avait enseignée, elle garda un coutelas caché sous sa tunique de cuir. Elle traversa alors des champs cultivés avec soin. Sur des sillons, quelques hommes vêtus comme son guide peinaient sans regarder autour d’eux.

Bientôt elle fut devant une maison immense aux fenêtres innombrables.

— Viens ici et attends-moi ! Je vais avertir le frère abbé.

L’homme s’éloigna, et Ioanna comprit qu’elle se trouvait dans la fameuse abbaye de Fulda, dont, sans qu’elle le pût deviner, la puissance seule, étendue jusqu’à Mayence, avait protégé les siens depuis des années.

Car les troupes de l’Empereur ne se faisaient point de scrupule de piller et d’incendier, partout ailleurs, les maisons trop isolées pour qu’on se souciât d’elles.

On vint la chercher enfin et elle fut intro-