Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/69

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Elle comprit ce qu’il disait et répliqua en latin à son tour :

— Merci de m’accueillir.

— Tu parles latin ? fit avec curiosité l’abbé.

Elle fit oui de la tête.

— Tu n’es donc pas un de ces soldats déprédateurs et féroces, qui trop souvent ravagent tous les lieux où ils passent.

— Je ne le suis plus.

— Que sais-tu, outre le latin ?

Elle répondit en grec :

— On m’a appris aussi ceci.

Le digne Raban Maur eut un sourire.

— Tu sauras, je crois, prier le Seigneur de telle façon qu’il t’exaucera. Sais-tu aussi lire et écrire ?

— Je le sais.

— Dieu nous donne une marque nouvelle de son infinie bonté. Mais t’apprit-on à prier ?

Elle comprit bien que mentir lui serait ici utile et fit oui de la tête.

— Alors, le frère Jean — que Dieu garde — t’enseignera les règles de ce monastère où je ne doute pas que tu fasses ton salut et aides à réaliser le salut de tous. Va !

Et son guide l’emmena en silence, avec un intérêt passionné.

— Comment se fait-il que tu saches tant de choses ? demanda-t-il.