Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/88

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chose dont la sagesse et l’amour de Dieu eussent à se plaindre, ce n’était qu’un accident.

Il fallait lourdement châtier.

Il fallait surtout que le châtiment fût connu partout comme une marque de la puissance divine, comme l’ensevelissement de la Pentapole sous la pluie de feu.

Pas d’autre moyen de sauvegarder le prestige de Fulda.

Et, le cœur déchiré, Raban Maur eut à choisir qui il faudrait punir.

Aucun doute ne pouvait subsister. Comme on le chuchotait, Gontram était bien le fils de l’abbé. Il l’avait eu d’une concubine sacrée, vingt-huit années plus tôt, l’année même où le grand Empereur Carloman était mort.

À cette époque, Raban Maur, arrivant de Rome, vivait à Mayence. Il ne pouvait s’agir de sacrifier un fils entouré d’une affection violente quoique cachée. D’ailleurs quel était le principal coupable, sinon cette femme qui s’était fait passer pour un homme, une année durant, s’était arrangée pour dissimuler tout ce qui était féminin en elle, et finalement avait certainement corrompu l’abbaye entière. Car, sans nul doute, nombreux devaient être les moines ayant accompli avec elle l’œuvre de chair.

La femme est maudite en son essence.