Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/92

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constitué par une présence féminine dans son monastère. Ioanna avait même lu un jour la lettre envoyée par le Supérieur de l’Abbaye de Prum où il était dit qu’une femme, s’étant introduite dans le couvent, avait été brûlée vive après qu’on lui eut crevé les yeux et arraché la langue.

Cependant Ioanna ne voulait pas mourir.

Elle était depuis plusieurs heures dans son cachot et passait de la fièvre à la sensation décourageante d’un froid mortel conquérant son corps tendu, lorsqu’on frappa sur la lourde porte qui la séparait du dehors.

— Frère Ioan !

Elle écouta sans répondre. On redit doucement :

— Frère Ioan, m’entendez-vous ?

— Oui ! murmura-t-elle.

— On délibère sur vous dans la salle haute. Il y a un instant, on a dicté à frère Wolf votre condamnation à mort.

La voix étranglée, Ioanna demanda encore :

— Quand doit-on ?…

— On dit que ce sera demain à l’aube.

Et la voix, après un silence reprit :

— Nous prierons pour vous.

Elle entendit ensuite un pas qui s’éloignait. Ainsi, c’en était fini. Nulle grâce n’était à attendre. Elle mourrait.