Page:Dunan - La Philosophie de René Boylesve, 1933.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sut mener l’âme de ses personnages jusqu’aux limites absolues de sa réalisation. Voilà pourquoi les romans de René Boylesve ne donnent jamais cette impression de figures de cire immobilisées dans un geste unique, qui est particulière à beaucoup d’autres.

Est-il nécessaire de remarquer, parvenu ici, que la psychologie de René Boylesve est la vie même, avec ses retours, ses plaisirs, ses hontes, ses regrets, ses élans, ses misères et, chez les personnages, cette incompréhension du vaste mécanisme inconscient et fatidique qui les intègre, à quoi se reconnaissent les humains malheureux.

Car son œuvre n’est pas heureuse. Le fut-il lui-même ? Je ne saurais le dire. Il avait, comme tout le monde, ses petites joies ; mais le pessimisme qui lui était consubstantiel, agissait certainement sur toutes les réactions de sa volonté. Il se livrait peu et redoutait les confidences d’autrui.