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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/102

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tions subalternes et nul n’ignore que le mérite y est un élément très secondaire. Bien entendu, il arrive un moment où un Rockefeller entrevoit qu’il pourra réunir sous sa maîtrise toutes les affaires pétrolières d’un immense pays, où Bonaparte sent son prestige en passe d’effacer tous ceux de la république, où un chef, doué d’une âme de chef, s’aperçoit enfin que plus rien ne limite l’expansion de ses désirs. Cela n’apparaît certainement que très tard, quand le plus difficile est déjà fait. César fut longtemps un cœur ambitieux, sans précision dans ses désirs, avec surtout une intelligence aiguë et une sensibilité délicate qui le faisaient plus péniblement souffrir de ses échecs. Son tempérament, ainsi formé, devait d’ailleurs le laisser toute sa vie insatisfait. Ses espoirs toutefois, n’eurent jamais cet aspect primaire, brutal et orgueilleux qui caractérise l’ambition des politiciens exclusivement assoiffés d’omnipotence. Il est certain que César a toute sa vie lutté pour dominer certains hommes, mais il faut dire que le sentiment de sa supériorité et celui des faveurs qu’une ironique destinée répandait sur autrui devait lui inspirer ce goût de combattre des adversaires trop bien servis par la fortune. Il n’apparaît nulle part comme le conquérant borné et