Aller au contenu

Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129

de sang. César regardait ce masque immobile. Il reconnaissait un ami de Komm, roi des Atrébates, vu jadis au pays des Eduens. Approuvant d’un geste, sans mot dire, il revenait à sa place et donnait alors des ordres. Au cri des centurions et des centeniers, le pas s’accélérait et les casques descendaient sur les fronts où ils avaient créé des sillons et des calus aux joues. C’est sans doute dans un de ces terrains coupés où le regard se perd, que devait se dissimuler l’ennemi dont l’avant-garde avait été surprise. On allait encore passer une rude nuit sur cette plaine bosselée et brumeuse ! Ah ! Rome, et les chairs douces de la Grecque Cithéride, qui professait l’amour selon un rituel plus ancien qu’Hésiode ! Ah ! boire le Falerne, mis en jarres avant que Sylla fût dictateur, en conversant avec le joyeux Clodius ou cet amusant Titulus Æas, l’homme le plus spirituel de Latium ! Entendre ces flûtistes Deliennes qui savaient, outre leur art et les danses, autant de philosophie qu’un Cicéron. Vivre enfin, avec, autour de soi, des amis armés, des richesses dans un temple, où l’on puisse à volonté puiser, et…

Une flèche sortant d’un buisson et visant sans doute César, venait dans la pénombre descendante frapper un légionnaire.

Un commandement sonnait. Dix hommes