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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/189

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gieuse le possédait. Cléopâtre, avec un art oriental, savait renouveler les plaisirs, et même varier ce qui peut apparaître immuable en eux. Sur un vaisseau somptueux, aux voiles de pourpre sidonienne, où l’or, l’ivoire et les émaux avaient été utilisés pour orner les objets les plus inattendus, elle avait embarqué cent esclaves, filles et garçons impubères ou nubiles, tous beaux, éduqués pour l’amour et d’une docilité parfaite. Tout le jour, sous des toiles arrosées d’essences parfumées, César pouvait admirer les danseuses, des acrobates et des mimes aux talents inconnus. Des vins rares, des aliments succulents, le vaste Nil autour de soi et de la volupté au delà de ce qui peut paraître supportable, tout cela apparaissait au Consul, qui, depuis dix années n’avait connu de plaisir qu’aux hivernages en Cisalpine, une sorte de perfection dans le bonheur. Il aima une merveilleuse courtisane, chérie déjà de Cléopâtre, qui jouait miraculeusement de la harpe avec ses pieds. Il eut quelques jours de furieuse passion pour un adolescent arabe qui ressemblait à l’Aphrodite de Cnide, propriété du riche Atticus. Il vit les monarques inconnus, de peuplades dont les Romains n’avaient jamais ouï parler, et qui habitent aux sources du Nil. Dans les festins, les musiques, les