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la vie économique et politique. Mais il y avait un vice plus profond. Le citoyen romain était devenu un parfait fainéant. Plus de huit millions d’esclaves travaillaient le sol italien, mais ils le faisaient avec cette indifférente lenteur qui caractérisa toujours le labeur servile. N’empêche que ces immenses troupeaux humains constituaient un danger comme l’avait prouvé la révolte de Spartacus. Habitué aux libéralités des Proconsuls, le peuple ne s’intéressait d’ailleurs plus à rien qu’à manger et jouir. Comme, en sus, les périodes de misère, nombreuses et pénibles depuis le début du Ier siècle avant notre ère, avaient créé un inextricable fouillis de dettes et reconnaissances, négociées, cédées et rétrocédées sans répit ; les capitaux des gens riches se trouvaient engagés dans des prêts d’une complication infinie, réclamant pour être seulement compris l’intervention des plus subtils avocats. Les pauvres non seulement, ne possédaient rien, mais ayant été appauvris par étapes, ils se trouvaient endettés. De sorte qu’il eût fallu abolir les dettes pour plaire à la plèbe, et confirmer les créances pour garder les faveurs des patriciens. Menacés dans leur situation de créanciers par les mesures populaires, les riches craignaient la démagogie de César et de ses amis.