Aller au contenu

Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21

qui le talonnait depuis le départ. Celui qui prit la tête alors, un Gaël, parut avoir définitivement gagné, mais le cocher patient qui, dès le début, s’était mis en queue, commença de harceler ses bêtes. Grand, le nez courbe, la face cendreuse et le poil noir, il menait un char blanc. Au cinquième tour, il était à deux longueurs d’attelage du premier, au sixième, il fut de front avec lui.

Le hourvari crût encore. Aurélia Marcia, pantelante, frémissait jusqu’au plus intime de sa chair. Le dernier tour commença.

Le Gaël parut perdre. Il avait toutefois l’énorme avantage de tourner au ras de la borne, mais lui fallait-il pour gagner, entrer au moins le premier dans la ligne finale.

Les deux chars arrivèrent en foudre. D’un coup de fouet strident qui arracha l’âme des spectateurs, le Gaël accéléra la foulée de ses deux bêtes. Il regardait la borne, d’un œil hypnotique, puis, laissant voyager son adversaire qui tournait large, il tenta de raser la pierre conique, peinte de pourpre, et saisit son couteau.

D’un coup de reins sur ses longues rênes, il infléchit le tracé du tournant, puis, pour résister à la force tangentielle, ayant encore cinglé les deux croupes d’un coup violent, il s’accroupit dans le baquet du char.