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LE SABBAT

brables qu’il se prolonge sur le monde, a besoin de ne pas croire qu’à lui seul. Il aime d’être commandé et d’obéir. C’est une sorte d’allégement, que la disparition de toute force personnelle. Et de croire se confondre avec les choses, de ressembler au jeu immuable des saisons, au mécanisme mathématique qui régit les réalités inanimées, Babet tirait une consolation et une quiétude étonnantes que par malheur, le sentiment de la personnalité lui enlevait souvent.

À ce moment, elle entendit du bruit au loin, des pas et des chocs d’armes, puis elle entrevit des lumières qui couraient. Rapide, elle entra dans sa demeure, y prit tout ce qu’elle pouvait prendre, puis redoutant, et le pillage et le viol, se sauva à travers les sentes qui protégeaient la combe. Elle contourna les blocs qui rendaient invisible, sauf de très près, le gîte des Hocquin.

Babet était femme énergique et décidée. Cela la servit.

À peine, en effet, cent pas franchis, se sentait-elle protégée par l’ombre, que des cris lui vinrent du côté où l’on accédait communément à la chaumière.

Elle se hâta, gravit une pente raide, trouva un trou familier où elle dissimula tout ce qu’elle portait, puis se rapprocha d’un rebord à pic, d’où l’on dominait la moitié de la vallée.