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LES AMANTES DU DIABLE

qui mange tout mon gibier et me ferait pendre pour rien…

Le fauve avança de deux pas lents, obliqua sur la gauche et se ramassa.

— Oh ! fit l’homme à mi-voix.

Il veillait avec soin sur le produit de sa chasse nocturne, et jetait de temps à autre un regard bref autour de lui, afin que le combat avec ce fauve ne permît point à un autre de lui soustraire les quatre lièvres et le faon qu’il avait apportés.

Le loup avait fort bien vu le comportement de l’homme, il fit semblant de revenir vers la droite, la gueule ouverte et muette, puis, au moment où son adversaire surveillait encore une fois ses derrières, il sauta.

La détente fut celle d’un ressort métallique. Les cuisses imprimaient à ce long corps svelte un élan déjà destructeur. En même temps, les mâchoires tordues et bâillantes allaient se refermer sur la gorge humaine.

Mais le braconnier n’était pas un apprenti dans la lutte contre toutes les bêtes forestières. Il recula d’un pas, tendit la main nue qui reçut le poitrail du loup, et, de l’autre, frappa en même temps de travers.

Le coutelas entra dans la chair, entre deux côtes et pénétra jusqu’au manche. Le loup chut de côté, souffla, et ses yeux fulgurèrent. Ensuite il poussa un