Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
LES AMANTES DU DIABLE

Il en est un qui, voulant aller trop vite, déracine un bloc suspendu, qui doit peser autant qu’un muid et qui l’écrase. Tant pis !

Personne ne recueille ses dernières paroles. Les autres ont mieux à faire.

Ils s’enfoncent donc dans la brèche. Il y a des heurts et des chutes, mais on passe, on s’élève, se cramponnant partout où il y a prise, les hommes du baron se hissent peu à peu jusqu’au sommet du mur.

Le premier qui y parvient se rétablit furieusement, tire sa dague et crie :

— Tue… tue…

Il n’a personne devant lui. Alors, il se met à courir au hasard, pour égorger le premier qui lui tombera sous la main.

Un second l’imite et hurle :

— À nous, Assien est pris. Vive le baron des Heaumettes !

Car il faut bien, que l’orgueil d’appartenir à la troupe victorieuse se manifeste en ce lieu.

Le troisième est le chef lui-même de la petite troupe. Il ne dit rien, n’étant point homme à gaspiller le souffle qu’il a court.

Mieux, comme il est dévoué à son service de soudoyer, il se met tout bonnement sur le côté du mur, et regarde monter un par un ses hommes, aux faces poussiéreuses et suantes.