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LA PRISE DU CHÂTEAU D’ASSIEN

— il désigne le cadavre — et nul ne vous fera grâce.

Il rit encore :

— Vous ne faisiez pas grâce plus souvent…

Furieuse et dominée, mais sentant, au moment qu’elle faillit la perdre, à quel point la vie est douce chose, la femme quitte sans un geste vain sa lourde robe de panne rose bordée d’hermine.

Elle hésite encore, mais le temps presse. Elle est aux mains de ce paysan qui ne veut pas d’or, c’est-à-dire qu’elle appartient à ce qu’elle peut redouter le plus au monde.

Elle dévêt mal, mais intelligemment, le soldat tué. Le sang ne l’arrête point. Elle s’en huile les doigts. Ah ! une comtesse d’Assien, devant le tombeau, se plie à des servitudes incroyables…

Elle voudrait que le dur individu qui regarde put l’aider, mais il la toise insolemment. Enfin elle découvre en ses hérédités lointaines l’art de quitter à ce cadavre son harnois guerrier, pourtant bien lacé et serré…

Elle a honte et espoir. Elle est pleine de haine et de désir de vivre. Ainsi sont tous les humains.

En gestes précis, qui sont sans doute inattendus chez cette grande dame, elle se passe la camisole de bure, puis le pourpoint de cuir sur son dos. Elle flotte un peu là-dedans, mais ça va. Elle est plus gênée devant les chausses et les brodequins, car il