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LES AMANTES DU DIABLE

daient la route, les deux errants virent apparaître un petit parti de soldats, qui leur faisait signe de s’arrêter et accourait au galop.

Ils portaient les couleurs d’Assien. C’étaient certainement des gens envoyés en manière de représailles, pour brûler et piller chez le baron.

Mais ni Babet, ni le braconnier ne s’y trompèrent. Ils prirent la fuite en hâte.

— Arrêtez ! hurlait, en tête des cinq poursuivants, le bas-officier bien vêtu dont le harnois polychrome dénonçait le parti, arrêtez !…

— Oui, attends, mon vieux ! disait Hocquin.

Un des soldats avait un lourd mousquet. Cet outil encombrant ne lui permit pas de suivre ses camarades, mais il s’appuya à un arbre et ajusta Babet.

— Oh ! dit-il, ma belle, je te vais apprendre à bien tomber sur le dos !

Il tira. Toutefois, si adroit qu’il fut, il ne pouvait être sûr de son coup à plus de cent cinquante pas, et Babet sentit seulement passer à sa gauche la balle sifflante.

Elle fit un écart.

— Courage, disait son mari, ils se lasseront avant nous.

De fait, la distance s’accrut entre le gibier et ses chasseurs.