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LES AMANTES DU DIABLE

Enfin, il eut une sorte de soupir sanglotant, la tête molle s’étendit sur le sol. Il cessa de regarder son vainqueur.

Prompt mais prudent, l’homme tourna derrière le coureur des bois, et, d’un dernier coup, l’ouvrit comme un livre, du thorax aux pattes d’arrière. Ensuite il se releva pour veiller. Le jour était venu.

Le vainqueur était un gaillard à face audacieuse, il avait des chaussures à semelles épaisses avec des houseaux de toile serrés par des cordes. À sa ceinture pendaient deux gaines à coutelas et une gourde couverte d’étoffe. Son vêtement de bure brune descendait jusqu’aux genoux. Sur le dos il portait en sus une sorte de mante noire. À son chapeau en forme de cloche et fort usé était attaché un os. Il avait une lourde corde enroulée autour des hanches.

Le matin commençait, tout plein de menaces. L’angélus s’était tu. À travers les arbres, par une éclaircie, on voyait, très loin, et à demi-effacé la brume, un château fort sis sur une hauteur. Il était compliqué, avec des tours de diverses formes et des toits à poivrières. Le chasseur le regarda avec un rire de mépris.

— Il faut enterrer ce loup et effacer la trace, fit-il à voix haute, sinon ce sera vu et deviné.

Attentif à tout et craignant, maintenant sans doute, non plus les bêtes, mais les hommes, il