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LES AMANTES DU DIABLE

— Il est de fait, grogna-t-il qu’on risque sa tête tous les soirs, pour quelques sous rognés.

— Même le matin. Et moi, ne me juge-t-on pas depuis longtemps comme une sorcière. Je voudrais pour cela le devenir…

Il s’assit sur un escabeau mal équarri.

— Sans doute. Mais ton sorcier en fait-il, de cet or ?

Elle eut un regard aigu et luisant :

— Personne ne doute qu’on puisse en faire, avec l’aide du Malin.

— Oui ! s’il n’avait pas ce pouvoir, il ne risquerait pas beaucoup de corrompre les gens. Mais ton sorcier est aussi pauvre que nous.

— Pour faire de l’or il faut bien des choses rares et de recherche difficile.

Il haussa les épaules :

— Soit. As-tu encore un peu de feu ?

— Oui. Regarde ce tison qui brûle encore.

— Je boirais bien une bolée de vin chaud.

À ce moment ils entendirent au dehors un pas lent.

Leurs sens étaient aiguisés par la tension d’une vie à demi-sauvage. Ils écoutèrent, muets.

Le pas s’arrêta.

— Je me disais bien, en rentrant, chuchota le braconnier que la combe avait un air louche et inquiétant.