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L’INCONNU

moins, à la façon des nobles. Il est triste et craint pour son sort, mais resté jeune et sensible, il ne peut faillir de s’apitoyer ici.

— Madame, vous êtes seule.

Il s’est lourdement assis sur un escabeau.

— Oui, Monseigneur, mon mari…

Elle ne sait s’il faut parler si brutalement, puis elle se décide.

— Mon mari est sans doute pendu à cette heure…

L’inconnu sursaute :

— Pendu, madame… Qu’a-t-il fait ?

Elle fait signe qu’elle l’ignore.

— Vous êtes malheureuse, je le vois, et moi je suis en danger. Voulez-vous m’aider ?

— Oui, Monseigneur.

— Je ne suis qu’un fugitif, dit tristement l’homme, et en grand danger d’avoir la tête coupée, si on m’arrête.

Elle le regarde avec des yeux flambants.

— Tenez, reprend-il voici ma bourse, elle doit encore contenir cent louis d’or. Sauvez-moi !

— Que puis-je faire, Monseigneur ?

— Gardez-moi ici caché.

— Si on vous poursuit et qu’on vienne ?

— Il y a bien des cachettes connues de vous dans cette forêt.

— Sans doute.

— Vous m’y apporterez à manger, et, si je puis