Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
LES AMANTES DU DIABLE

Hocquin accepta, mais il fallut que l’autre se vêtit comme lui de misérables hardes, et se donnât l’allure d’un berger sans troupeaux. Moyennant quoi, on gagnerait la ville avec précaution en marchant de nuit et se reposant de jour dans des coins choisis.

À Paris, le gentilhomme trouverait de l’or chez des parents, et le donnerait à son sauveur. Les cent louis apportés étaient déjà un rien écornés, ou allaient l’être pour les préparatifs et la réalisation du voyage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un soir, à dix heures, les deux hommes partirent. Hocquin, s’était absenté tout le jour pour reconnaître la route et veiller sur les gens d’Assien dont il fallait traverser les terres.

Durant cette après-dînée-là, Babet voulut se gorger d’amour pour longtemps. Elle pensait même que peut-être serait-ce pour toute sa vie.

Et ce furent des pâmoisons impudentes et désespérées, des enthousiasmes ardents où le rire se mélangeait à la joie, des élans qui voulaient tromper et bafouer toutes les sagesses sans passion.

Le jeune étranger se sentait lui-même envoûté par cette fièvre émanée de l’enfer, et il s’y donnait ardemment parmi les appels gémissants de sa maîtresse.