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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Elle sortit pour réfléchir à l’aise en marchant.

Amande vit des femmes passer et repasser, qui vivaient de l’homme. Beaucoup étaient très belles et séduisantes. Elles attiraient aussi les regards par quelque chose de provocant dans le tracé de la croupe, dans l’offrande des seins ou le trait rouge et souple de la bouche.

Amande se disait : « Elles sont bien heureuses. »

Car elle ignorait les terreurs et les soucis quotidiens de ces prêtresses de la Vénus populaire. Elle ne pouvait deviner ni l’homme qui est derrière, et qui les tient pour son propre gagne-pain, ni les dangers judiciaires qui les guettent. Elle ignorait aussi les jours de famine et les labeurs sans gloire de la prostitution. Elle ne voyait que des femmes jolies et parées, qui allaient le torse cambré et l’air heureux parmi les hommes dont elles irritaient ainsi le désir. Elle croyait encore, avec un rien de naïveté, que les femmes doivent, avec l’homme, trouver en même temps que l’argent le plaisir qui lui restait ignoré, malgré son mariage, autant qu’à l’époque elle ne connaissait pas un iota des choses du sexe.

Et elle se sentait propensée vers ce métier des courtisanes et vers les joies qu’il doit apporter. Cela se mêlait en sa pensée à un