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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Nous pourrions aller converser ailleurs.

— C’est mon avis.

— Tenez, voulez-vous ce petit café ?

— Non ! affirma froidement Amande, qui voulait en avoir le cœur net, et venait de décider qu’elle contrôlerait en quoi ces hommes qui font commerce des femmes sont supérieurs aux autres. Et elle reprit en regardant l’autre bien en face :

— Allons à l’hôtel, je vous prie !

Il est inhabituel de voir une femme inconnue vous faire une proposition pareille et si peu enveloppée. L’homme fut un peu stupéfié par une telle atteinte aux usages. Mais il suivit le train :

— Allons !

Ils furent, cinq minutes après, dans une chambre luxueuse, et s’assirent.

Chacun attendait de se conduire comme l’autre le rendrait nécessaire.

Amande, la première, d’un petit air détaché, dit avec douceur :

— Je vais me déshabiller.

— Oui ! commanda le « marchand de femmes » avec curiosité.

Elle le fit sans hâte et sans façons, sans pudeur aussi, malgré un peu de gêne intime qu’elle dominait.

Quand elle fut nue, elle se mit sur un fauteuil avec naturel.