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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


science d’Eros. Cela agissait sur la jeune femme avec une force inattendue, comme si c’était là autant de choses nouvelles dont elle n’eût jamais entendu parler.

Bientôt, Amande se sentit pareille à un chiffon de chair que le plaisir secouait comme l’onde secoue un fétu. Elle entrait sans cesse dans des paradis nouveaux qui dépassaient en splendeur et en délicatesse tout ce qu’elle avait rêvé.

Elle dit :

— Ah, mon ami, vous êtes prodigieux.

Il fut encore un peu ahuri de cette parole, qui coïncidait si mal avec les mots habituels des femmes heureuses.

Et il répliqua :

— Comment vous nommez-vous ?

— Je suis Amande.

— Et bien, Amande, vous êtes la plus étonnante femme que j’aie connue de ma vie…

Et il ajouta à mi-voix :

— J’en ai pourtant connu beaucoup.

Elle eut un sourire, sans ouvrir ses yeux, car il lui semblait connaître mieux les délices de sa chair en restant les regards clos :

— C’est vrai cela ?

— Oui, vous vibrez comme un violon.

La comparaison plut à Amande.

— C’est un reproche ?

— Pas du tout. Je vous aime infiniment :

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