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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


dirai à tous mes amants qui je suis. Et ils le rediront, j’espère. De la sorte, tout le monde saura bientôt que Mme la baronne de Baverne d’Arnet est en maison de prostitution.

« Si cela ne leur fait pas admettre le divorce, je veux bien être pendue haut et court… »

Or le divorce, pour elle, c’était en somme la porte du paradis.

Il est entendu que l’aventure pouvait déplaire beaucoup au père d’Amande, mais elle n’en avait plus cure. Il venait de profiter de l’ignorance de sa fille pour la colloquer à un individu qui ne connaissait, de femmes, que les plus hideuses. Il fallait agir sans se préoccuper de cet écrivain dont l’égoïsme ne méritait aucun ménagement.

Et Amande en prit son parti avant de quitter la chambre, où le plaisir l’avait tour à tour assommée, foudroyée et torturée. Elle resta un moment sur le lit, témoin de sa défaillance charnelle et de ses premières extases amoureuses, tandis que tout joyeux de l’acceptation de sa victime, l’amant courait en hâte rue d’Ecbatane chez Mme Mouste.

Là, si la femme en valait le prix, on lui promit deux billets de mille une fois examen passé de cette merveille qu’il annonçait.

Il avait pris rendez-vous avec Amande pour le lendemain. Elle y fut un peu en retard à cause d’une délicieuse lassitude de ses reins.