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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Et où demeure cette Henriette ?

— Rue du Petit Speculum.

— Où diable peut bien gîter cette rue-là ?

— Mais vous ne connaissez que cela. Vous prenez le Boulevard des Trois-Gorets, puis le suivez jusqu’au coin de la place Josephine Baker et des Croupes à ressort.

— Bon !

— Vous enfilez le passage des Étroites et c’est la rue après le passage. C’est près du dispensaire des joueuses de flûte et du poste des Sapeuses-Pompières de l’Arrondissement, au numéro 1 quater.

— Je vous remercie.

Et après un baiser maternel Nana Dhousse laissa Amande aller à son destin.

Ce destin la mena droit chez Henriette Assourbanipal. La maison était noble et digne, avec cet air bourgeois qui trahit le vice et les perversions. Amande entra dans un ascenseur capitonné couleur bouton d’or et se fit hisser au troisième.

La servante qui ouvrit était vêtue en almée, c’est-à-dire le visage voilé et nantie d’un pantalon large comme le Panthéon, en mousseline blanche.

— Tiens, pensa Amande, c’est original.

Et elle demanda la patronne du cru.

On l’introduisit dans un salon pareil à un parloir de couvent, avec de petits ronds en sparterie devant chaque fauteuil, et sans autre