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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Amande s’assit et se mit à rire.

— Vous êtes de bonne humeur, remarqua gentiment la belle femme, mais voulez-vous me dire ce qui vous amène, madame ?

— Je voudrais vous demander, dit Amande tout à trac, si vous avez une place pour moi dans votre personnel.

— Lequel, madame ? Il y a ici trois personnels, celui des femmes qui conversent avec les hommes et que je nomme les « parleuses ». Elles sont recrutées parmi les licenciées et agrégées des Lettres. Nous avons aussi deux doctoresses et une avocate.

« Celles-là ne s’occupent pas d’amour, et, si l’envie leur en vient, elles payent et deviennent clientes…

Ahurie, Amande écoutait sans rien dire.

Estelle Némorin reprit après un silence :

— J’ai aussi celles qui ne s’occupent que de la sentimentalité. Elle ne se livrent à aucune galanterie matérielle et cela leur est même défendu. Les fornicatrices sont en effet syndiquées et disposent d’un monopole. Les sentimentales ne s’occupent par conséquent que d’amour platonique. Elles doivent porter, car je ne puis les surveiller tout le temps, une ceinture de chasteté comme les parleuses.

Quant aux « lascives », elles forment l’aristocratie de ma maison et je n’accepte aucune qui n’ait au minimum le trait d’union de la