à tout au monde, pourvu que ce fut vaste
et poétique : la mer, les nuages, un glacier
ou une forêt vierge. Les cheveux d’Amande
ne sont plus maintenant qu’une touche de
couleur fauve sur un joli visage. Ah ! on ne
saurait nier combien notre temps a amélioré
la grâce et ses désirs… Amande se pare d’un
visage de jeune dieu syrien : nez étroit, pincé
et un peu courbe, bouche en saillie où la
lèvre inférieure méprise lorsque l’autre complimente,
son menton porte une fossette
et ses joues sont légèrement fardées… Elle
expose d’ailleurs cette précieuse effigie avec
une hauteur délicate et attrayante, avec un
air perpétuel de se promettre, et de dire :
« Admirez-moi ! mais vous ne voyez que la
préface… »
Enfin, elle a un corps, un corps dont elle tire orgueil. Il est droit et net, pareil à une épure, à la fois, et à certaines toiles de la Renaissance, où se tiennent des éphèbes ambigus, mais admirables. On ne sait pourquoi elle ferait bien dans un tableau du Sodoma…
Ce qu’on devine sous les vêtures du corps de la douce Amande est, en effet, troublant. Deux jambes qui paraissent toujours occupées à tourner, dans un luxurieux chaudron de sorcières, quelque breuvage aphrodisiaque, des bras aux courbes si parfaites qu’on se voudrait sentir étreindre par eux. On dirait