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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Elle sentit son cœur qui commençait de s’affoler :

« Oh ! oh !… serais-je on posture de nouvelle épouse qui ne sait pas encore les délices, et les soucis, et les douleurs, et les déplaisirs qui l’attendent ? »

Un pas lent s’approchait et un corps fut debout, invisible, au bord du lit.

Les yeux écarquillés, Amande regardait la nuit. Elle croyait, en vérité, percevoir quelque chose. Elle disait tantôt « il est grand », tantôt « il est petit »… Mais c’était tout songe. Et voilà qu’une main s’étendit sur elle, une main lente et douce, qui n’insistait pas, qui ne violait pas, une main intelligente et délicate qui lui fit passer un frisson dans la moelle.

Elle pensa :

« Il est fin… »

L’autre main survint à son tour. Cela jouait avec le corps d’Amande, le tenait, le laissait, le maniait et lui procurait mille angoisses rapides qui se résolurent bientôt en un violent émoi.

Puisqu’elle était là, aussi bien, ne valait-il pas beaucoup mieux attendre avec satisfaction ce qui allait advenir plutôt que de le redouter ?

Et elle se retenait de pousser de petits cris, qui venaient du plus profond d’elle, puis mouraient aux bords de ses lèvres crispées.