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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


envers les femmes, avaient, chose assez curieuse et digne de méditation, gardé, même délaissés, une flamme intime à l’égard de Zoé.

D’où, évidemment, il résultait qu’elle avait le tour de main pour séduire et garder les hommes.

Et il faudrait apprendre d’elle la solution du problème : qu’est-ce qu’il faut donc faire ou dire aux amants et maris, si on veut qu’ils vous aiment à perpétuité ?

 

Ce soir-là, ressassant ses idées favorites, Amande eut une idée, ce qui peut se nommer une bonne idée :

En effet, elle se trouvait seule dans sa chambre. Il était neuf heures passées. Elle s’ennuyait, ayant commencé de lire le livre d’André Gide sur Dostoïewski. Certes, l’auteur d’Amyntas et de Corydon avait fait tout son possible pour pervertir le romancier russe. Il lui attribuait tellement de satanisme qu’on finirait peut-être, en l’écoutant, par tenir les Frères Karamazof pour un livre obscène. Mais voilà, Amande était une âme saine et sans goût pour les duplications du cube en amour. Le Dostoïewski de Gide lui paraissait donc presque aussi rasant que du Marcel Proust. Il faut avouer ici que cette Amande n’avait aucun des respects qui s’imposent aux âmes d’aujourd’hui…