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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


serait au mari d’en porter les responsabilités.

Mais comment marier cette adolescente, juste au moment où il lui advenait une histoire aussi scandaleuse ?

La difficulté du problème excita cet homme au lieu de le décourager. Il se mit en quête du prétendu.

Au vrai, quoique sans pitié et incapable de croire une vérité qui le gênait, il aimait sa fille, ce personnage. Il avait tout au moins pour elle une affection cordiale et malgré tout ne l’aurait pas abandonnée à n’importe qui.

Il lui fallait un homme riche, un peu ingénu, — en proportion même du dessalement d’Amande, — crédule aussi et fidèle…

Il avait la conviction que si son mari la trompait, Amande ferait de sales bêtises. L’époux devrait donc être choisi avec soin. Un psychologue comme cet écrivain ne craignait point d’affronter les problèmes les plus ingrats du comportement humain. Le plus curieux est qu’il découvrit l’oiseau rare.

Cela se passa dans « le Monde ». Il y fréquentait avec assiduité, par goût et par besoin de se bien confirmer dans la certitude d’être un gaillard de l’élite.

C’est même parce qu’il avait failli se voir fermer un salon prude et moral qu’il en voulait tant à Amande.

Or, chez une femme de ministre, il fut présenté certain jour à un homme jeune,