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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


napolitaines cherchant à négocier, selon le client, leur mari, leur sœur, leur frère ou leur mère. La colonie slave de la côte d’Azur ayant alors utilisation de tout ça…

Puis, Amande passa la frontière d’Italie avec un petit battement de cœur, car elle allait à Venise.

Elle connut la perle Adriatique, ses palais roués vifs et ses gondoliers sortis de la nuit des temps. Elle put franchir le Rialto, rêve qui hantait depuis combien d’ans son enfance. Elle songea avec émotion, sur place, aux mystérieux condamnés qui franchirent jadis le Pont des Soupirs.

Elle pensa qu’Adalbret, dans un pareil décor, se déciderait enfin à faire non plus le mari, mais l’amant. Il le tenta, pour tout dire, mais son éducation, sans doute insuffisante en matière d’amour, ne lui permit que des exploits médiocres au lieu du grand élan et de la fièvre épique qu’Amande attendait.

Elle tenta de l’éveiller, dans son sommeil bourgeois d’époux qui ne sait pas donner de la joie aux femmes. C’était certes délicat, mais Amande ne craignait rien, pas même de passer pour une petite dévergondée…

Au surplus, ce qu’elle fit ne lui valut que de l’étonnement chez son partenaire et point de passion.

Alors, elle se laissa faire de l’œil par ces métèques de races diverses, métissés d’Anglo-