Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/14

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voltigeurs, les chasseurs et la troupe de ligne avec eux rivalisent de valeur et d’audace. Les zouaves se précipitent à la baïonnette, bondissant comme des bêtes fauves et poussant des cris furieux. La cavalerie française fond sur la cavalerie autrichienne : uhlans et hussards se transpercent et se déchirent ; les chevaux excités par l’ardeur du combat participent eux-mêmes à cette fureur, ils se jettent sur les chevaux ennemis qu’ils mordent avec rage pendant que leurs cavaliers se sabrent et se pourfendent.

L’acharnement est tel que sur quelques points, les munitions étant épuisées et les fusils brisés, on s’assomme à coups de pierres, on se bat corps à corps. Les Croates égorgent tout ce qu’ils rencontrent ; ils achèvent les blessés de l’armée alliée et les font mourir à coups de crosse, tandis que les tirailleurs algériens, malgré les efforts de leurs chefs pour calmer leur férocité, frappent de même les malheureux mourants, officiers ou soldats autrichiens, et se ruent sur les rangs opposés avec des rugissements sauvages et des cris effroyables.

Les positions les plus fortes sont prises, perdues, puis reprises, pour être perdues encore et de nouveau reconquises. Partout les hommes tombent, par milliers, mutilés, éventrés, troués de balles ou mortellement atteints par des projectiles de toute espèce.


Quant au spectateur posté sur les hauteurs qui avoisinent Castiglione, s’il ne peut suivre exactement le plan