Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pendant toute la durée de l’action le chef de la maison de Habsbourg montre un calme et un sang-froid admirables ; la prise de Cavriana le trouve, avec le comte Schlick et son aide-de-camp le prince de Nassau, sur une hauteur voisine, la Madonna della Pieve près d’une église entourée de cyprès. Lorsque le centre autrichien eut cédé, et que l’aile gauche ne conserva plus aucun espoir de forcer la position des Alliés, la retraite générale fut décidée, et l’empereur, dans ce moment solennel, se résigne à se diriger, avec une partie de son état-major, du côté de Volta, tandis que les archiducs et le grand-duc héréditaire de Toscane se retirent à Valeggio. Sur plusieurs points la panique s’empare des troupes allemandes, et pour quelques régiments la retraite se change en une complète déroute ; en vain leurs officiers qui se sont battus comme des lions, cherchent à les retenir ; les exhortations, les injures, les coups de sabre, rien ne les arrête, leur épouvante est trop grande, et ces soldats qui pourtant ont combattu courageusement, préfèrent maintenant se laisser frapper et insulter plutôt que de ne pas fuir.

Le désespoir de l’empereur d’Autriche est immense : lui qui s’est comporté en véritable héros, et qui a vu, toute la journée, les balles et les boulets pleuvoir autour de lui, il ne peut s’empêcher de pleurer devant ce désastre ; transporté de douleur, il s’élance même, au travers des routes, au-devant des fuyards pour leur reprocher leur lâcheté. Lorsque le calme eut succédé aux explosions de