Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/45

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prennent eux-mêmes soin de soldats autrichiens, l’un d’eux enveloppe de son mouchoir la tête fendue d’un Tyrolien, qui n’avait pour se couvrir qu’un vieux linge déchiré et tout ensanglanté.

Si l’on peut citer une infinité d’actes isolés et d’incidents qui mettent en relief la grande valeur de l’armée française et l’héroïsme de ses officiers et de ses soldats, on doit mentionner aussi l’humanité du simple troupier[1],

  1. Les soldats français ont montré le plus grand respect pour tout ce qui était la propriété des habitants du pays, et on peut louer hautement leur esprit de discipline, leur civilité, leur sobriété, et leur bonne conduite pendant toute la guerre d’Italie.

    Des proclamations du genre de celles du maréchal Regnaud de Saint-Jean d’Angely ou du général Trochu sont, à ces différents égards, toujours dignes d’être rappelées, et elles méritent aussi d’être considérées comme de véritables titres de gloire pour ceux qui les ont adressées à leurs soldats.

    « … Dans la campagne qui s’ouvre, » dit le général Trochu dans sa proclamation du 4 mai 1859, datée d’Alexandrie, et lue à toutes les compagnies de sa division, réunies sous les armes, « nous affronterons avec ardeur les épreuves les plus ardues, déjà commencées pour nous ; nous serons disciplinés et soumis aux règlements dans l’exécution desquels vous me trouverez inflexible, et, le jour de la bataille, nous ne souffrirons pas que les braves soient plus braves que nous. Nous n’oublierons pas que ces habitants sont nos alliés : nous respecterons leurs habitudes, leurs biens et leurs personnes ; nous ferons la guerre avec humanité, avec civilisation. De cette manière, nos efforts seront honorables, Dieu les bénira, et moi qui vous commande, je considérerai comme le plus beau titre de ma carrière celui de commandant de la deuxième division. »

    Le 18 mai 1859, à Marengo, le maréchal Regnaud de Saint-Jean d’Angely s’adressait en ces termes à la garde impériale : « Soldats de la garde,… vous donnerez à l’armée l’exemple de l’intrépidité dans le danger, de l’ordre et de la discipline dans les marches, du calme et de la modération dans le pays que vous allez parcourir. Le souvenir de vos familles vous inspirera de la bienveillance pour les habitants, le respect pour la propriété, et, soyez-en certains, la victoire vous attend… »