Page:Dunant - Un souvenir de Solférino, 1862.djvu/9

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température étouffante, comme aussi de la faim et de la soif, puisque à l’exception d’une double ration d’eau-de-vie, ces troupes n’eurent presque aucune nourriture pendant toute la journée du vendredi. Pour l’armée française, déjà en mouvement avant les premières lueurs du jour, elle n’eut autre chose que le café du matin. Aussi l’épuisement des combattants, et surtout des malheureux blessés, était-il extrême à la fin de cette terrible bataille !


Vers trois heures du matin, le premier et le deuxième corps, commandés par les maréchaux Baraguey d’Hilliers et de Mac-Mahon, se sont ébranlés pour se porter sur Solférino et Cavriana ; mais à peine leurs têtes de colonnes ont-elles dépassé Castiglione qu’ils ont vis-à-vis d’eux des avant-postes autrichiens qui leur disputent le terrain.

Les deux armées sont en alerte.

De tous côtés les clairons sonnent la charge et les tambours retentissent.

L’empereur Napoléon, qui a passé la nuit à Montechiaro, se dirige en toute hâte sur Castiglione.

À six heures le feu est sérieusement engagé.

Les Autrichiens s’avancent, dans un ordre parfait, sur les routes frayées. Au centre de leurs masses compactes aux tuniques blanches, flottent leurs étendards aux couleurs jaunes et noires, blasonnés de l’aigle impérial d’Allemagne.

Parmi tous les corps d’armée qui vont prendre part au combat, la garde française offre un spectacle vraiment