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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/115

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tention. Ses yeux ternes et sans vie étaient d’une fixité étrange : on eût dit les yeux d’un cadavre galvanisé. Leur regard eût été pour un observateur l’indice certain d’un idiotisme complet ou d’une force incroyable de volonté concentrée en elle-même. Son nez était aquilin ; sa bouche petite avait des lèvres très-minces et recourbées légèrement à leurs extrémités par une expression habituelle de raillerie ou de dédain.

Quant au cavalier, habillé assez correctement pour un voyageur, il ne présentait rien d’extraordinaire dans sa personne. Il eût été impossible de lui assigner un rang social. C’était tout bonnement un vrai Mexicain, aux yeux, aux cheveux et à la barbe noirs, à la figure basanée et expressive.

— Holà ! compadre, dit l’homme à pied en s’adressant au cavalier, où donc allez-vous ainsi ?

— Au port de Mazatlan, dit le cavalier, et vous ?

— Moi, compadre, mon intention est de me rendre au Réal de Cosala, mais je crains fort que la fatigue ne me laisse mort sur la grande route.

— Que Dieu vous garde ! mais aussi pourquoi diable allez-vous à pied ?

— Je vous assure que ce n’est pas par pure fantaisie, car j’avais encore un cheval avant-hier.

— Et on vous l’a volé ?