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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/238

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lette brillante et de mauvais goût, ne devait appartenir que depuis peu à ce que l’on est vulgairement convenu d’appeler le monde. Sa cravate, couleur gorge-pigeon, était maintenue sur une chemise de batiste brodée par deux grosses émeraudes lourdement enchâssées dans une riche monture en or, monture parsemée elle-même de petits rubis et de topazes. Une énorme chaîne, également en or massif, entourait son cou et descendait en serpentant jusqu’à la poche de son gilet de brocart : cette chaîne servait à soutenir une montre assez grosse et passée de mode, dont la boîte était émaillée de petits diamants et de pierreries précieuses. Les doigts de ses mains effilées et admirables de formes, disparaissaient à moitié sous une couche de bagues de toutes espèces.

Aussi indifférent au déjeuner servi devant lui que le Kentukien semblait l’apprécier, ce singulier personnage se tournait de temps en temps vers le domestique placé derrière lui, prononçait, avec son accent étranger, le nom plus ou moins estropié de quelque vin coûteux d’Europe, effleurait ensuite dédaigneusement, du bout des lèvres, le verre qu’on lui offrait, et faisait servir le reste de la bouteille aux personnes de la table. Pendant tout le temps du repas, il ne prit qu’un œuf et une orange.

En dehors de sa toilette extravagante et de son as-