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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/255

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me faire perdre un temps précieux. C’est la roue maudite d’une scierie nouvellement établie par un Américain de ma connaissance, nommé Marshall, qui aura été, sans doute, la cause innocente de cette catastrophe. Plusieurs fois déjà j’avais été obligé de recouvrir avec de la terre fraîche un morceau de sable lavé que cette roue formait par son mouvement de rotation, et sur lequel brillaient de nombreux grains d’or…

— Et à présent, que comptez-vous faire ?

— Pouvez-vous m’adresser sérieusement cette question ! — s’écria Quirino. — Je comparais tout à l’heure mon sort à celui d’un amant qui verrait outrager impunément sa maîtresse… Or, je suis persuadé que si jamais un fait pareil s’est présenté, l’amant trouvait un cruel et navrant plaisir à assister à cet outrage… qu’il préférait en être le témoin, à l’apprendre par un récit ; car l’homme, arrivé au point extrême de la douleur, finit par trouver une sauvage et âpre volupté à creuser lui-même son malheur, à l’envisager sous toutes ses faces. Aussi, mon intention bien arrêtée est-elle de retourner le plus tôt possible en Californie, sur les bords du Sacramento.

Ces paroles du Gambusino ne m’étonnèrent nullement. Depuis longtemps j’étais habitué à rencontrer chez la plupart des Mexicains, même parmi ceux ap-