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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/282

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mento, des meurtres, qui, dites-vous, s’y commettent toute la journée.

— Votre question est naïve, — me répondit le Gambusino. — Est-ce que les placeres sont organisés comme les villes, encombrés d’oisifs, de gens de police, de curieux ? Au placer chacun vit pour soi, en dehors de toute relation et de toute amitié, — car toute amitié peut cacher un piége et offrir un danger. — Dans un placer, les chercheurs d’or, logés, ou pour mieux dire, campés, selon la position du gîte qu’ils exploitent, se trouvent éloignés les uns des autres sur mille emplacements divers. Découvre-t-on, par hasard, un corps humain méconnaissable et décomposé, quel est celui qui s’inquiétera du motif qui a rendu ce corps cadavre ? Le chercheur d’or isolé est exposé à tant d’accidents, sans compter les fièvres, les chutes et la faim ! On se contente de passer outre, après avoir regardé si, près de lui, ne se trouve pas quelque sac d’or… Mais on ne trouve jamais d’or près des cadavres ! Bien des fois, j’ai vu moi-même, dans des placeres déjà connus et envahis, des nuées d’oiseaux de proie s’abattre en tournoyant au fond d’un ravin ou d’un précipice… Un crime a été commis… pensais-je, en continuant insoucieux mon chemin !…, Mais jamais l’idée ne m’est venue ni d’écrire à un journal, ni de raconter à quelqu’un