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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/328

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éclaire magnifiquement la campagne… Voulez-vous m’accompagner pendant une ou deux heures ?…

— Oh ! bien volontiers, Rafael ! — m’écriai-je.

— J’ai à vous parler sérieusement, cher ami, — me dit-il, après une heure et demie de marche, — écoutez-moi donc avec attention. Vous voilà à présent riche, car je vous crois doué d’un caractère heureux et facile à contenter… ne gâtez point, par une cupidité insensée, l’avenir tranquille qui vous attend… Après-demain, doit repartir pour Monterey un convoi arrivé ces jours-ci avec des vivres au Sacramento… Joignez-vous à ce convoi… Votre quinine et votre pioche vous ont été utiles, tâchez de retourner en Europe sans avoir besoin de vous servir de votre couteau… Ce placer du Sacramento, déjà si dangereux aujourd’hui à habiter, présentera bientôt, envahi par la cupidité européenne, un spectacle à rendre le diable heureux dans son Enfer, comme s’il était en Paradis… Le fer, la faim et le poison, trois terribles divinités, qui se sont souvent disputé ma pauvre existence, décimeront impitoyablement les rangs de cette foule insensée que je vois accourir, et couvriront de ses ossements les sables du désert… Croyez en mon expérience. Vous ne pouvez, vous, ni vous imaginer ni savoir ce que c’est qu’un placer livré à la concurrence du pillage… C’est affreux ! me promettez-vous de partir ?